Vous l’avez sans doute déjà senti, le malaise qui s’installe lorsque l’on parle d’argent, et plus particulièrement de salaire. En tant que web entrepreneur et business coach, vous imaginez bien que je suis l’une des cibles préférées de ceux qui sont complexés par l’argent.
Et forcément, ça m’interpelle, ce tabou qu’il y a autour de l’argent. Aux États-Unis, personne ne bafouille sur le montant d’un salaire !
Alors, pourquoi est-ce qu’en France, parler d’argent suscite le débat, la jalousie et même parfois la colère ? Pourquoi est-ce qu’en France, gagner correctement sa vie est-il mal vu ?
Pourquoi l’argent est tabou en France : la faute à notre héritage …
Parler d’argent est un sujet sensible, et ce n’est pas qu’une impression. Selon les études, en France l’argent est encore plus tabou que le sexe ! Mais d’où est-ce que ça vient ? J’ai fait quelques recherches sur le sujet, et voici ce que j’ai trouvé.
… Religieux : l’avarice, l’un des 7 péchés capitaux
La première explication que j’ai trouvée parle de notre héritage religieux, et plus précisément, de notre héritage catholique, via le christianisme.
Aujourd’hui, la France est un pays laïque. Mais le divorce entre l’État et l’église est relativement récent, puisqu’il a été prononcé en 1789, avec la Révolution française. Or, depuis le IIe siècle, la France était profondément attachée au catholicisme ! Ainsi, pendant de longs siècles, les Français ont bâti leur définition de la morale sur ce que dictait la religion.
Et ces croyances sont, aujourd’hui encore, inscrites dans l’imaginaire collectif et dans nos schémas de pensée !
Que l’on soit catholique ou pas, notre rapport à l’argent est influencé par le dogme des 7 péchés capitaux, et plus précisément par celui de l’avarice. De manière plus ou moins inconsciente, on pense que posséder de l’argent est, en quelque sorte, un péché.
… Socioculturel : le monde paysan du 19e siècle
La seconde explication que j’ai trouvée parle de notre héritage socioculturel.
Avant la révolution industrielle, la France comptait une grande majorité de paysans. Jetez un œil à votre arbre généalogique, et vous verrez que si l’on remonte à deux ou trois générations en arrière, nous sommes presque tous issus d’une famille paysanne.
Dans la culture paysanne, l’argent a toujours occupé une place ambigüe. Peut-être parce que si tous les paysans étaient égaux face aux intempéries et aux parasites, ils ne l’étaient pas forcément lorsqu’il s’agissait d’argent. Et puis, le paysan a toujours valorisé le travail physique, récompensé par une bonne récolte.
L’argent, en revanche, est rattaché à l’image du citadin qui travaille dans un bureau. Ajoutons à cela l’influence de la religion dont nous venons de parler, et on comprend un peu mieux pourquoi les paysans avaient pour habitude de cacher leurs économies sous le matelas !
Force est de constater que ce comportement est vrai aujourd’hui encore, puisque lors du passage à l’euro, on estime que près de 150 milliards de francs dormaient encore sous le matelas des Français.
… Idéologique : Marx et le rejet du capitalisme
Enfin, la dernière explication que j’ai trouvée parle de notre héritage idéologique, et plus précisément, des idées Marxistes.
En réalité, il faudrait remonter à la Révolution française, lorsque l’idée d’égalité entre les citoyens est née. En effet, c’est à partir de 1789 que l’affranchissement de taxes est devenu le devoir de tous, quelle que soit la strate sociale.
Par la suite, la création de la sécurité sociale a renforcé ce sentiment d’égalité. Posséder de l’argent n’est pas vu comme une nécessité première, puisque l’État procure éducation et santé à l’ensemble de ses citoyens.
Enfin, la montée des idées Marxistes selon lesquelles (pour faire court) : « générer du profit, c’est mal », vient renforcer davantage encore le sentiment de malaise lorsqu’il s’agit d’argent. La lutte des classes décrite par l’économiste est d’ailleurs la preuve que la recherche de profit n’est pas compatible avec le principe d’égalité. Un principe cher à beaucoup de français pour qui les idées véhiculées par la Révolution française sont profondément inscrites en eux.
Ainsi, dans l’inconscient collectif, et c’est davantage vrai chez les partisans des partis de gauche, posséder de l’argent est perçu comme une sorte de sabotage de l’égalité entre citoyens.
Changer son rapport à l’argent, désacraliser le fric !
Au-delà de l’empreinte qu’ont laissé nos différents héritages dans l’inconscient collectif, je pense que notre rapport à l’argent est tel qu’il l’est, car pour beaucoup, il est synonyme de bonheur.
Demandez à n’importe qui quel est son vœu le plus cher, il y a 9 chances sur 10 qu’il vous réponde « gagner au loto ». En réalité, le vœu sous-jacent est d’être heureux, car après la survie, la poursuite du bonheur est la raison d’être de l’humain.
Malheureusement, parce que l’on croit que l’argent fait le bonheur, avoir beaucoup d’argent devient, de ce fait, le but ultime de la plupart d’entre nous.
Ainsi, comme le bonheur est sacré, l’argent est sacré. Et qui détient en détient suscite forcément de la jalousie, alimentant ainsi le tabou et le complexe de l’argent.
La bonne nouvelle, c’est que notre rapport à l’argent n’est pas une fatalité. Et je pense qu’il assez facile de renverser la tendance, dès lors que l’on comprend que l’argent de ne fait pas le bonheur. Il peut y contribuer, oui. Mais il n’est en aucun cas le synonyme de bonheur.
D’ailleurs, selon le philosophe allemand Schopenhauer, les désirs de l’individu sont insatiables. Ce qui signifie que l’on voudra toujours plus d’argent. Et que le vide que l’on cherche tous à combler ne pourra jamais être rassasié à coup de billets de banque.
3 conseils pour arrêter de complexer sur l’argent
Que l’on gagne bien sa vie ou pas, il faut arrêter de faire de l’argent un complexe ! Et je pense que c’est d’autant plus important lorsque l’on est entrepreneur.
En effet, contrairement au salarié, l’entrepreneur est seul maitre de son salaire. Il a la lourde tâche d’attribuer une valeur monétaire à ses compétences, aux efforts fournis et aux sacrifices inhérents. Il faut avoir essayé de monter son propre business pour comprendre que le tabou qui règne autour de l’argent met souvent l’entrepreneur dans une situation désagréable. Et peu, parfois, aller jusqu’à freiner sa réussite.
Alors avant de vous laisser, voici trois conseils que j’applique personnellement au quotidien pour me défaire du complexe de l’argent.
Être heureux avec ce que l’on a
L’argent suscite la jalousie lorsqu’on est convaincu qu’il nous en manque. Et si on en croit notre cher Schopenhauer, cette sensation de manque est vouée à ne jamais disparaitre, puisqu’on en veut toujours plus !
L’antidote à cette sensation de manque, c’est tout simplement de regarder ce que l’on a, et d’apprendre à l’apprécier.
Vous lorgnez un modèle de voiture plus moderne et plus puissant que celui que vous avez ? Pourquoi ne pas reconnaître la chance que vous avez d’être véhiculé ? Beaucoup de personnes ne l’ont pas. Vous aimeriez voyager à l’autre bout du monde ? Mais, n’avez-vous pas déjà la chance de pouvoir vous payer des vacances tout court ? Ce n’est pas le cas de tout le monde …
Et puis au-delà des biens matériels, il est également important d’apprendre à valoriser les moments simples, les amis, la famille, les hobbies que l’on a. Grosso modo, cela revient à vivre dans l’instant présent.
Transformer ses frustrations en objectifs
Attention, lorsque je dis qu’il faut être heureux avec ce que l’on a, ça ne signifie pas qu’il faut se garder de chercher à progresser et à évoluer !
Au contraire, je pense que nos frustrations sont d’excellents combustibles, à condition, au préalable, de savoir comment les transformer en objectifs. La jalousie que suscite en vous la nouvelle voiture de votre voisin est contre-productive si vous ne faites que la ruminer. Par contre, si vous utilisez ce désir comme motivation pour passer à l’action et planifier les étapes qui vous mèneront à l’achat d’un modèle au-dessus (tant qu’à faire !), alors dans ce cas, ça devient très intéressant.
Comme j’ai l’habitude de le dire, le secret pour atteindre ses objectifs, c’est la motivation. Si vos frustrations sont de bons leviers de motivation, alors pourquoi s’en priver ?
Arrêter de se comparer aux autres
Enfin, dernier conseil que je peux vous donner, c’est d’arrêter de vous comparer aux autres. Parfois, lorsque l’on observe la vie de quelqu’un d’un point de vue extérieur, on a la sensation que cette personne doit sa réussite à la chance.
Et cela génère une frustration que l’on ne peut pas transformer en motivation. Au contraire, généralement on finit par mépriser les personnes qui ont réussi. Et on ne fait qu’alimenter encore un peu plus le complexe et le tabou qui règnent autour de l’argent.
Tout d’abord il faut se garder de croire que l’on peut réussir sans sacrifices. Car il y en a toujours, même si, à vos yeux, ils semblent dérisoires ou moins importants que ceux que vous devez faire. Lisez donc le parcours de Roman Fraissynet. Ceux qui ne connaissant pas son histoire pensent sans doute qu’il a de la chance. Mais il suffit de s’attarder un peu pour comprendre qu’il en a bavé, comme tout le monde.
Il faut aussi toujours garder à l’esprit que la chance des uns ne fait pas le malheur des autres. Vous êtes maitre de vos décisions et de vos choix. Donc, par conséquent, les difficultés qui se présentent à vous n’ont aucun lien avec les coups de chance de vos voisins.
Au final, peut-être qu’il suffit simplement de voir midi à sa porte pour en finir avec le complexe de l’argent !