Gagner de l’argent sur internet est le rêve de beaucoup, et la majorité se tourne vers le dropshipping. Moi-même, j’ai monté plusieurs boutiques en ligne basée sur ce business modèle. Après avoir généré 500 000 euros de chiffre d’affaires, j’ai finalement décidé de me retirer pour me concentrer sur mon activité première et principale, l’affiliation.
Pourquoi est-ce que je n’ai pas poursuit l’aventure dropshipping malgré un CA relativement attractif ? Et bien pour plusieurs raisons que j’ai décidé de partager avec vous aujourd’hui.
Avant de commencer, je tiens tout de même à préciser que je base mon avis sur mon expérience personnelle. Il existe d’autres stratégies que la mienne, mais celle que je vais vous présenter est de loin la plus courante, et celle que la plupart des formateurs enseignent.
Petite définition du dropshipping
Pour les novices, nous allons tout de même prendre le temps d’expliquer comment fonctionne le dropshipping. C’est simple, il s’agit de proposer à la vente les produits d’un tiers en flux tendu via une boutique en ligne. Cela suggère que vous ne gérez ni les stocks ni les commandes. Vous êtes uniquement un intermédiaire entre le client et le fournisseur. D’ailleurs, en anglais, dropshipping signifie « livraison directe ».
Le plus souvent, et c’est la stratégie que j’ai moi-même mise en place, le dropshipper va :
- Acheter ses produits auprès de fournisseurs chinois via la célèbre plateforme AliExpress ;
- En faire la promotion sur les réseaux sociaux, plus précisément sur Facebook via Facebook Ads ;
- Et enfin, proposer ses produits sur une boutique en ligne construite avec le site builder de référence pour le e-commerce, Shopify.
Lorsqu’un client passe commande, celle-ci est automatiquement transférée au fournisseur qui se charge de la livraison. Dit ainsi, le dropshipping semble être un business model simple et rentable, pourtant, je vous assure que ceci n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Faire du dropshipping : 5 avantages qui font rêver
Vous l’aurez compris, le bilan de mon expérience personnelle avec le dropshipping est plutôt mitigé. Pourtant, il faut bien reconnaître que ce business présente certains avantages :
- Business model à court et moyen terme. La plupart du temps, il s’agit de surfer sur la vague d’un produit winner le temps de son succès et d’en changer lorsque sa popularité décline. C’est la promesse d’une certaine diversité, antidote de monotonie, mais aussi d’un retour sur investissement rapide ;
- Rapidité de mise en route. Techniquement, si vous avez les compétences nécessaires, il est possible de lancer son activité en quelques jours et d’en récolter les fruits sous peu. Nous verrons toutefois que dans la pratique, il faudra tester plusieurs stratégies avant de trouver la bonne… ;
- Liberté. Comme pour tous les business en ligne, vous serez complètement indépendant. Vous pourrez donc travailler depuis n’importe quel endroit dans le monde et gérer votre emploi du temps comme bon vous semble ;
- Chiffre d’affaires élevé. Étant donné qu’il s’agit de revendre un produit 5 à 10 fois son prix d’achat, il est possible de générer un CA important. Attention, nous expliquerons que chiffre d’affaires alléchant n’est pas forcément synonyme de bénéfices mirobolants… ;
- Pas de gestion de stock ni de commande. C’est sans doute l’aspect le plus attractif du dropshipping : vous n’êtes que l’intermédiaire entre le fournisseur et le client. Donc, vous n’avez ni besoin d’un local pour stocker les produits ni besoin de vous occuper de la livraison. Mais, encore une fois, nous verrons que c’est un avantage à double tranchant.
Ce qu’il faut savoir avant de se lancer dans le dropshipping : 7 inconvénients bien réels
Sur les réseaux sociaux ou sur Youtube, vous avez sans doute déjà croisé le chemin d’un dropshipper à succès. Forcément, on ne vous montre pas le revers de la médaille. Comme tout business, le dropshipping apporte son lot d’inconvénients… Et voire même un peu plus que certaines autres façons de gagner de l’argent sur internet !
#1. Facebook Ads et vous : le début d’une relation toxique
Ce n’est pas nouveau : pour vendre, il faut faire de la publicité.
Sur internet, il y a deux façons de promouvoir une page web (dans le cas présent, une boutique en ligne) :
- Le SEO (Search Engin Optimization) qui est une stratégie gratuite, mais longue à mettre en place, qui cherche à optimiser la visibilité d’un site web via son positionnement dans la SERP ;
- Et la publicité payante, comme les annonces de Google, Youtube et réseaux sociaux.
Comme il s’agit généralement d’un business model à court ou moyen terme, on choisit le plus souvent la publicité payante. En effet, celle-ci rapportera des clients potentiels plus rapidement que la stratégie du référencement naturel (SEO). Et plus précisément, c’est via Facebook Ads que la grande majorité des dropshippers choisissent de faire la promotion de leurs produits.
Problème : Facebook Ads est de plus en plus strict, surtout avec les dropshippers. En effet, des études de satisfaction sont régulièrement menées, et concrètement, si vos clients ne sont pas satisfaits, votre campagne n’aura que très peu de visibilité. Ce, même si vous payez le prix fort ! Cela peut même aller jusqu’à la fermeture de votre compte entreprise.
Du coup, vous êtes complètement dépendant de l’algorithme de Facebook Ads, et malheureusement, cette relation est indispensable. En effet, pas publicité, pas de clients !
#2. L’éthique discutable du dropshipping
Pour rentrer dans vos frais et tirer un bénéfice intéressant sur vos ventes, vous allez multiplier le prix d’achat de votre produit par 10, voire même par 20.
C’est une pratique courante, comme chacun le sait, les grandes enseignes ne s’en privent pas ! Sauf que, dans le cas d’une marque, le produit en question a le mérite d’être fabriqué avec des matériaux de qualité qui vont durer dans le temps.
Or, ce n’est pas le cas des produits que vous vendez ! Vous le savez, les produits que l’on peut se procurer sur AliExpress sont généralement de (très) mauvaise qualité. Et il arrive même qu’ils ne répondent pas aux normes européennes.
Du coup, si l’éthique occupe une place importante dans vos valeurs, faire du dropshipping risque de rapidement déranger votre bonne conscience…
#3. Un business pas si rapide à mettre en place que ça…
Derrière tout projet commercial se cache une étude de marché, et le dropshipping n’est pas une exception ! Avant de trouver le bon produit, et la bonne stratégie marketing à mettre en place, il va falloir faire des tests. Et oui, c’est la seule façon de savoir si un produit a du potentiel ou non.
Concrètement, cela signifie que vous allez devoir investir du temps et de l’argent dans des campagnes publicitaires et dans la création d’une boutique en ligne sans aucune garantie de gains.
C’est généralement la phase où beaucoup abandonnent.
#4. Trouver des fournisseurs de confiance : chercher une aiguille dans une botte de paille…
Le principal avantage du dropshipping est l’absence de gestions de commande. C’est un atout, si et seulement si votre fournisseur est aussi consciencieux et honnête que vous l’espérez !
À titre personnel, mes fournisseurs m’ont valu beaucoup de problèmes, en termes de perte d’argent et de temps. Il fallait par exemple constamment vérifier les prix, car ils pouvaient augmenter sans préavis. Les commandes étaient régulièrement mal préparées, envoyées tardivement ou à la mauvaise adresse…
Pour avoir moi-même été confronté à ce problème, je peux vous assurer que trouver un fournisseur qui tient la route relève pratiquement du miracle.
#5. Le service client, votre épée de Damoclès…
Ce n’est pas vous qui fabriquez le produit que vous vendez, et ce n’est pas vous qui préparez les commandes. Et pourtant, en cas de doutes ou de plaintes, c’est bien à vous que les clients s’adresseront !
Le service client demande énormément de temps et d’énergie. Il faut savoir que l’on n’hésitera pas à vous appeler pour en savoir davantage sur le produit ou pour vous faire part des problèmes de livraison.
Il faudra donc être disponible à tout moment et être prêt à gérer un paquet de clients mécontents.
#6. Le délai de livraison
La majorité des fournisseurs sont basés en Chine, et il faut savoir qu’une commande peut mettre entre 2 et plus de 8 semaines avant d’être livrée ! Cela dépend du temps que prendra le fournisseur à préparer la commande, et de l’entreprise qui se chargera de la livraison.
C’est un stress constant, car un client qui doit patienter est potentiellement un client mécontent !
#7. La gestion de colis
On touche à présent un aspect qui est en grande partie responsable du fait que j’ai souhaité me retirer du dropshipping. Voici une liste non exhaustive de ce qu’il peut se passer pendant la livraison :
- Le colis peut ne pas arriver pas à destination, et il n’est pas rare que le tracking ne fonctionne pas ;
- Votre fournisseur peut faire une erreur dans la commande envoyée (mauvaise couleur, mauvais produit, etc.) ;
- Le client peut faire une demande de remboursement, car il ne reçoit pas son colis. Comme nous venons de le voir, cela peut prendre plus de 2 mois !
- Une fois le colis reçu, le client peut exercer son droit de rétraction. Il dispose en effet de 14 jours pour demander le remboursement du produit et le renvoyer.
Bref, comme vous l’aurez compris, vous êtes constamment en proie aux aléas et je vous assure que ce n’est pas une situation agréable !
Le dropshipping : un business rentable ?
Le dropshipping, c’est un concept vendeur, mais lorsque l’on prend une calculatrice, on se rend vite compte que ce n’est pas un business si juteux que cela. Comme je vous le disais un peu plus tôt, un chiffre d’affaires à plusieurs zéros n’est pas forcément synonyme de réussite.
Vous allez voir qu’il y a énormément de charges et de frais inhérents à ce business. Et qu’au bout du compte, les gains ne sont pas si intéressants que ce que l’on vous fait croire.
Frais d’une boutique en ligne
- Le site e-commerce : prenons l’abonnement de base de site builder le plus connu Shopify, soit 26 €/mois. Par ailleurs, Shopify prélève 2 % du montant HT de vos ventes
- Les plugins : pour optimiser vos chances de convertir les visiteurs de votre site en clients, vous aurez besoin d’ajouter certaines options payantes pour rendre votre page plus attractive. Comptez au minimum 100 €/mois ;
- Les outils de gestion de commande : indispensables, car ils vous permettent d’automatiser le processus. Cela vous évite de devoir remplir chaque commande manuellement. Comptez 42 €/mois pour un outil comme Dropified ;
- Les commissions mode de paiement : que ce soit avec Stripe ou avec Paypal, cela vous coûtera 0,30 € + 2,9 % sur chaque vente HT ;
- Et enfin, la publicité sur Facebook Ads, dont le montant varie selon le prix du produit.
Étude de cas : calcul du bénéfice d’un business en dropshipping
Imaginons une boutique mono produit (prix d’achat 5 euros, prix de vente 35 euros) et dont le CA est de 10 000 euros/mois TTC. On a donc 285 commandes.
- Le chiffre d’affaires HT est de 8333,34 € ;
- On retire les commissions liées à la méthode de paiement, ainsi que la commission prélevée par Shopify et on obtient : 7757,84 € ;
- N’oublions pas de retirer le montant du prix d’achat de notre produit (5 €) et on tombe à : 63 332,84 € ;
- Pour un produit vendu à 35 €, une (bonne) campagne publicitaire du Facebook Ads coûte au minimum 7 € par produit. Le coût de la publicité s’élève donc à 1995 €, ce qui nous fait un CA de 4337,90 €.
- On retire à présent les coûts liés à la page web et on obtient un CA de 4170 €.
Nous allons maintenant calculer des frais rarement prit en compte : les problèmes de livraison et les retours client. D’après mon expérience, même avec un bon service client et un fournisseur relativement réglo, le taux de demande de remboursement tourne autour des 15 %.
- Sur 285 commandes, il faudra en rembourser 42 soit 1225 € et notre CA tombe à 2945 €
- Ensuite, il faudra payer l’IS (Impôt sur la société) de 15 %. On obtient 2503,5 € ;
Sur un CA de 10 000 €, le bénéfice est donc de 2503 €. Et encore, il faut à présent décompter les charges liées au retrait de cet argent. Il y a deux solutions :
- Retrait de dividendes (coût 30 %), on obtient donc 1752,27 €. Sauf que cette option n’est possible qu’après 1 an d’activité ;
- Il faudra donc opter pour le versement d’un salaire (coût 50 %) et on obtient donc 1251,62 €.
Le mot de la fin…
Comme nous venons de le voir, lorsque l’on prend la peine de calculer le bénéfice réel d’un business en dropshipping, on se rend compte que les gains sont loin d’être si extravagants que ce que l’on peut voir sur les réseaux sociaux !
J’ai personnellement testé ce business model, et malgré mon expérience dans le domaine des business en ligne, je n’ai pas réussi à obtenir des gains intéressants. Par ailleurs, faire du dropshipping demande énormément de temps, un temps que vous ne facturez pas forcément ! Bref.
Après cette expérience mitigée, j’ai finalement décidé de me concentrer sur un business model que je connais bien : l’affiliation.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, je vous invite à lire mon article : comment faire de l’affiliation.
Sachez simplement que c’est une stratégie semblable au parrainage, il s’agit donc de percevoir une commission sur les ventes de la marque dont vous faites la promotion. Vous l’aurez compris, l’affiliation va encore plus loin que le dropshipping en termes de déresponsabilisation puisque vous n’aurez aucun contact direct avec le client (et donc, pas de service client, pas de gestion de commande, etc.).
Bref. J’espère vous avoir éclairé !